Pessac, Frugès, Le Corbusier, une rencontre improbable et pourtant elle fut. Et elle fut capitale.

C’est le début d’une aventure extraordinaire, celle de l’architecture de la maison ordinaire, la maison pour tous, qui concernera le monde entier. Elle ne vient pas au hasard, elle est la concrétisation d’une suite de théories sur l’habitat ouvrier, menées depuis des siècles et jusque là jamais mises en œuvre. Ce moment particulier de l’histoire de l’architecture sociale, est dû à la conjonction d’évènements et de personnes dont les aspirations arrivent au même moment, au même désir d’entreprendre cet avènement. Elle est surtout l’action éclairée d’un mécène privé pour son choix audacieux d’un homme, ni architecte, ni encore urbaniste, mais seulement écrivain utopiste.

 

Pourquoi Pessac, pourquoi Henry Frugès et pourquoi Le Corbusier ?

C’est à ces questions que souhaite répondre cette mise en situation historique, philosophique, artistique et humaine des circonstances inattendues, créatrices d’un moment capital dans l’histoire de la maison à l’origine de la légende de « Corbu ». Car, c’est ici, plus que dans ses réalisations  simultanées ou plus tardives, destinées à une clientèle éclairée que Charles-Edouard Jeanneret-Gris dit Le Corbusier, va pouvoir exprimer ses théories sur l’habitat moderne pour tous. Si tout, ou presque, a été écrit sur sa vie, son œuvre, ses foucades, ses tropismes politiques, ses aventures, ses sentiments (interprétés), les QMF : Quartiers Modernes  Frugès ont été présentés selon une méthode descriptive simple, il n’a pas été réalisé une analyse large des causes et conséquences, dans l’histoire de l’architecture dans le monde, de cet ensemble, œuvre essentielle et déterminante, illustrant la première et le plus complétement l’apport de cet architecte protéiforme à l’évolution profonde et définitive de l’habitat et de l’urbanisme. C’est ce que nous avons essayé de mettre en lumière.

La Cité Frugès est un monument de l’histoire mondiale de l’architecture, car la première réalisation contemporaine architecturale et urbanistique, d’une longue avancée philosophique, politique et sociale de l’habitat pour tous. C’est l’exemple unique d’un mécénat, privé et désintéressé, pour l’habitat social. Mécénat de la maison ouvrière considérée à l’instar de la villa de luxe comme une œuvre d’art. C’est la preuve vivante de la renaissance d’un monument, portée et financée par les habitants devenus passionnément admiratifs de cette œuvre révolutionnaire.